Vous trouverez ci-dessous notre analyse périodique des marchés actions européens, ainsi que notre recommandation.
1. Le contexte mondial
L’inflation et les taux
Si elle s’est confortablement installée, l’inflation ne devrait plus continuer à résister à la pression grandissante des taux d’intérêt.
Lorsqu’elle sera mieux maîtrisée, probablement à compter de l’année prochaine, les banques centrales pourront faire pivoter leurs taux directeurs à la baisse.
Le secteur bancaire
À l’ère des « fake news » et de leur propagation virale sur les réseaux sociaux, le risque persiste qu’une traînée de poudre provoque un nouveau « bank run » (mouvement de panique entraînant la chute d’un établissement financier suite à des retraits massifs), aux États-Unis ou ailleurs.
Les autorités de chaque pays, qui disposent d’un droit de vie ou de mort sur leurs établissements financiers, ont déjà pris leur parti en imposant des rapprochements entre banques pour écarter le risque de contagion (risque systémique).
Si une telle crise touchait l’une de nos grandes banques européennes, ses actionnaires seraient donc à coup sûr sacrifiés sur l’autel des épargnants, comme l’ont été ceux du Crédit Suisse.
Il faut avoir conscience de cette incertitude sur le secteur bancaire, même si nous ne percevons aucun signe de faiblesse au sein de la zone euro.
La consommation
Contre toute attente, la consommation mondiale a particulièrement bien résisté.
Si elle venait à baisser dans un contexte peu propice à la guerre des prix, il n’est pas évident que les grandes sociétés européennes en pâtiraient car elles n’hésiteraient pas à relever leur marge.
L’emploi
Le chômage reflue partout dans le monde. C’est une bonne nouvelle.
Le marché de l’emploi reste cependant sous tension et, depuis la crise sanitaire, certaines difficultés persistent pour rétablir la valeur travail.
Une nouvelle quête de sens – la « grande démission » – se traduit par une volonté de changer de vie suite à une période compliquée d’inactivité, de démobilisation, d’isolement et d’adoption de nouvelles habitudes.
La tragédie ukrainienne
Aucune résolution du conflit initié par la Russie ne semble se profiler à court terme.
La question de l’issue de la guerre en Ukraine reste donc entière, tout comme celle des ambitions chinoises sur Taïwan.
2. Les marchés sont-ils hauts ?
Les cycles boursiers
Selon notre analyse et à partir de nos anticipations sur le moyen et long terme, nous nous forgeons nos convictions sur les niveaux de marchés, sans nous laisser influencer par le pessimisme ambiant (alimenté par les médias) qui ne nous paraît pas justifié.
Rappelons que, dans un monde en croissance, les marchés actions sont théoriquement toujours au plus haut, au détail près (détail qui a son importance) des cycles boursiers qui sont une réalité historique.
Ces cycles boursiers dépendent notamment des annonces de résultats passés et prévisionnels des entreprises, des variations des taux d’intérêt, de l’appétit des investisseurs et évidemment des événements imprévus, comme la crise sanitaire ou la guerre en Ukraine.
Le CAC 40 et le secteur du luxe
La récente poussée de l’indice phare des actions françaises, le CAC 40, a pu laisser l’impression que la bourse avait atteint son sommet.
Cependant, les performances boursières des différentes sociétés composant le CAC 40 sont particulièrement contrastées.
La progression de l’indice est directement liée aux valeurs du luxe LVMH, HERMÈS, KERING et L’ORÉAL qui, même si elles ne correspondent qu’à 10 % des sociétés (4 sur 40), représentent aujourd’hui 38 % du CAC 40 (par leur pondération).
L’industrie du luxe a maintes fois fait ses preuves, depuis bien longtemps.
Dans le secteur du luxe, une grande société ne se crée ni en 10 ans, ni en 20 ans, ni même en 30 ans. Si bien que celles qui sont déjà en place ne sont pas facilement attaquables.
Les multinationales du luxe se payent le « luxe » d’absorber les coûts de production en France grâce au fameux « pricing power », cette capacité à augmenter les prix sans décourager les clients.
Elles ont su traverser sans encombre les dernières crises économiques et, contrairement aux valeurs technologiques américaines, ce ne sont pas des promesses qui ont provoqué l’envolée des cours, mais leurs résultats exceptionnels. Et ce n’est probablement pas la fin de l’histoire.
Il n’y a pas de fatalité : les sociétés américaines n’ont plus le monopole des plus grandes capitalisations mondiales. Il faut évidemment s’en réjouir.
Aucun élément ne nous laisse donc présager la formation d’une bulle dans le secteur du luxe.
Les grandes sociétés européennes
Le CAC 40 est un bel indice, avec des sociétés saines et mondialisées.
Il porte néanmoins le risque d’un seul pays : la France.
C’est pourquoi nous choisissons des indices européens diversifiés et même équipondérés, c’est-à-dire avec une prise en compte égalitaire de chaque société, par exemple 50 sociétés à hauteur de 2 % chacune. Cette approche vise à amortir la baisse en cas de crise boursière.
Contrairement au CAC 40, l’indice standard européen Euro Stoxx 50 doit encore progresser de 25 % pour rattraper son niveau de 20 ans en arrière.
Les grandes sociétés européennes sont bien plus attentives à leur compte d’exploitation depuis la grande frayeur de la crise sanitaire, lorsque leurs dirigeants ont dû faire face à un risque d’écroulement de l’économie mondiale.
Elles ne sacrifient plus leur rentabilité sous prétexte de faire de la croissance ou de conquérir des parts de marché. Leur marge est revenue au centre de leurs préoccupations.
Elles saisiront les opportunités d’acquérir les sociétés les plus fragiles.
Notons qu’elles ne sont pas particulièrement endettées et que la raréfaction de l’allocation du crédit (« credit crunch ») ne les touche pas directement, compte-tenu de leur taille.
Nous considérons que le marché actions européen a entamé une phase de rattrapage qui devrait se poursuivre, avec le soutien des fonds de pension (retraite par capitalisation) qui gagnent du terrain et injectent de nouvelles liquidités en Europe.
Viser la résilience sur le long terme
Nous comptons principalement sur la résilience des marchés européens et notre réflexion est portée sur le moyen et long terme, avec des objectifs de progression modérée.
C’est justement parce qu’il est difficile d’anticiper le court terme que nous concevons nos supports sur le long terme, à 12 ans maximum.
Au-delà de la résilience, nous anticipons même une progression des marchés actions européens qui regorgent d’opportunités, ce qui nous incite à concevoir des supports dynamiques à coupon bonus.
Rappelons que le fait d’anticiper une progression des marchés à moyen et long terme ne signifie pas forcément qu’il n’y aura pas de baisses intermédiaires et passagères, selon les circonstances et l’appétit des investisseurs.
Il faut toujours être dans le marché
Ce vieil adage peut s’avérer pertinent pour les actions, du moins sur une longue période d’investissement.
Il est surtout évident pour les produits structurés.
Se tenir en dehors du marché, avec pour vœu de n’y entrer que sur des points bas, est un raisonnement parfaitement légitime concernant les actions (quoique discutable sur le long terme).
Cette approche est cependant beaucoup moins légitime pour un produit structuré (à condition qu’il soit bien conçu) : le temps passé sur un produit structuré est intégralement rémunéré en cas d’issue favorable.
La recherche du point bas n’est pas réellement notre priorité
Lorsqu’il s’agit de se positionner sur le marché, l’analyse n’est pas la même sur les produits structurés que sur les actions, le fonctionnement des deux classes d’actifs ne répondant pas à la même logique.
Grâce à l’effet mémoire, l’atout majeur des produits structurés, le temps joue pour l’investisseur, notamment en cas de simple stabilité ou de hausse modérée des marchés.
C’est le paradoxe des Gammes H : le gain n’est pas, comme pour les actions, la différence entre les points d’entrée et de sortie.
Il se calcule en fonction du temps passé sur le support.
Autrement dit, le temps passé « non investi » ne se rattrapera pas.
Un risque de bulle ?
La problématique de notre métier de concepteur des Gammes H est d’évaluer le niveau de valorisation des grandes sociétés européennes, pour ne pas être victime d’une bulle, à savoir un niveau de marché artificiel voué à baisser (et surtout à ne jamais remonter).
Les grandes sociétés européennes sont particulièrement rentables : il ne faut pas confondre une progression des marchés (principalement liée à un rattrapage) et la formation d’une bulle.
3. Notre recommandation
Comme vu précédemment et selon notre analyse, la récente hausse des marchés actions en France (CAC 40) est parfaitement logique et justifiée : elle n’est ni révélatrice, ni annonciatrice d’une bulle.
Surtout, nous choisissons des indices qui englobent toute la zone euro, dont les niveaux de marché se situent très loin de leurs plus hauts historiques.
Nous réaffirmons donc notre confiance en la création de valeur des grandes sociétés européennes à moyen terme : elles s’appuient sur d’excellents fondamentaux et bénéficient de positions dominantes.
Si l’on exclut le risque lié aux événements imprévus (qui, par définition, ne peuvent pas être prévus), l’attentisme n’est pas souhaitable en période d’inflation.
Il est donc préférable de se positionner sur le marché plutôt que se tenir à l’écart.
Le marché actions européen offre de nombreuses opportunités et notre métier de convictions consiste à concevoir des solutions d’investissement pertinentes.